Le petit cycle de l’eau fait face à un manque considérable d’investissements de la part des collectivités. L’Union nationale des industries et entreprises de l’eau relève notamment un déficit annuel d’investissement conséquent pour le renouvellement des réseaux d’eau potable : il y a, en effet, un retard d’environ 20 ans d’investissements. Chaque année, les investissements pour le petit cycle s’élèvent à 6,5 milliards d’euros, financés majoritairement par la facture d’eau des usagers. Or, ce montant est insuffisant : il faudrait 10 milliards d’investissements. Le dernier rapport de l’Observatoire National des services d’eau et d’assainissement note ainsi un manque d’anticipation de la part d’environ 3/4 des collectivités à ce niveau. De plus, selon Bertrand Camus, président de la Fédération Professionnelle des entreprises de l’eau, de fortes disparités territoriales existent concernant la qualité et la gestion de l’eau.
La gestion du grand cycle est également source de dépenses : il y a un fort besoin d’investissement pour conduire l’adaptation au changement climatique ainsi que la gestion des digues et des milieux aquatiques, etc. Les services de l’eau font face aujourd’hui à un défi : trouver de nouveaux financements. La Gazette évoque en effet l’impossibilité pour la facture d’eau du consommateur de supporter davantage de coûts à l’avenir et avance qu’il est nécessaire de remettre en cause le principe de « l’eau paye l’eau ». L’Etat compte, par ailleurs, mettre en place un nouveau mécanisme budgétaire, le « plafond mordant », afin de limiter les recettes des redevances perçues par les collectivités.
Depuis l’entrée en vigueur, au 1er janvier 2018, de la compétence Gemapi, le coût semble s’alourdir encore plus pour les collectivités. Si aucune évaluation n’a encore été menée quant à l’impact financier du transfert de cette compétence, la question du financement des futurs chantiers Gemapi se pose déjà. Nombre de petites structures ne possèdent pas aujourd’hui les moyens humains, financiers et/ou techniques pour répondre aux nouveaux besoins et enjeux. Selon La Gazette, les présidents de comité de bassin estiment que les structures gestionnaires n’auront d’autres choix que de se désengager du petit cycle pour se concentrer sur le grand.
Pour les deux cycles de l’eau, il semble toutefois nécessaire d’évoquer la responsabilité des collectivités elles-mêmes. On observe parfois, de manière paradoxale, une volonté de maintenir le prix de l’eau relativement bas avec, en parallèle, des coûts en hausse constante. Les dépenses pour l’eau ne sont en effet pas toujours des dépenses « visibles » ; pourtant, elles sont indispensables. Un travail d’anticipation des besoins doit être mené, tel que le font déjà certaines structures. Nous pouvons en effet citer l’exemple du Syndicat Mixte des Milieux Aquatiques et des Rivières, composé du Département de l’Aude ainsi que de 16 syndicats mixtes et EPCI. Le SMMAR mène depuis 2002 des actions de prévention des inondations et de gestion concertée de l’eau sur tout le bassin versant de l’Aude. Le transfert de la compétence Gemapi a été anticipé : en effet, la structure applique déjà depuis plusieurs années un principe de financement solidaire Amont-Aval.
A la demande du Président Emmanuel Macron, des Assises de l’eau devraient être organisées au deuxième trimestre 2018 afin d’examiner le financement des investissements liés au petit cycle et au grand cycle. Pour les acteurs du milieu, ces Assises apparaissent aussi comme une opportunité de repenser de manière globale le financement du service.