Que prévoit le budget de la Sécurité sociale pour 2026 ?

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Que prévoit le budget de la Sécurité sociale pour 2026 ?

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Retour à l’équilibre d’ici 2029, efforts budgétaires pour les professionnels de santé et les citoyens, pensions de retraite gelées, réforme des retraites de 2023 suspendue jusqu’à 2028… Focus sur les grandes mesures proposées dans le PLFSS 2026.

Le PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) pour 2026 arrive devant le Parlement dans un climat politique instable. Son dépôt intervient après une succession de crises gouvernementales : la démission, le 9 septembre dernier, de l’Exécutif dirigé par François Bayrou, puis celle du premier gouvernement de Sébastien Lecornu le 6 octobre 2025.

Le texte, appelé à évoluer au fil des discussions parlementaires, devrait faire l’objet d’un examen approfondi. Pour déroger à certains de ses prédécesseurs, l’actuel Premier ministre Sébastien Lecornu a assuré qu’il ne recourrait pas à l’article 49.3 de la Constitution pour en imposer l’adoption.

Un retour à l’équilibre d’ici 2029 ?

Le « trou » de la Sécurité sociale devrait encore se creuser pour s’engouffrer à 23 milliards d’euros cette année (15,3 milliards d’euros en 2024). Un palier inédit va encore être franchi en raison des déséquilibres persistants des branches maladie et vieillesse.

Selon les ambitieuses projections du Gouvernement, l’objectif serait désormais de ramener le déficit à 17,5 milliards d’euros en 2026, avant de viser un retour progressif à l’équilibre pour 2029. Cette trajectoire reposerait sur une maîtrise accrue des dépenses, dont la croissance serait freinée pour se démontrer inférieure à celle des recettes.

Ondam : stabilité en 2025 et progression limitée en 2026

Le Gouvernement compte faire vœu d’une extrême rigueur sur les dépenses de santé. En 2025, le niveau global de l’Ondam (Objectif national de dépenses d’Assurance maladie) reste inchangé, à environ 266 milliards d’euros. Cette stabilité a été rendue possible grâce aux mesures correctrices mises en œuvre après publication de l’avis, le 18 juin dernier, du Comité d’alerte sur l’évolution des dépenses d’assurance maladie.

Pour 2026, la progression de l’Ondam sera strictement encadrée : +1,6 %, portant les dépenses totales à 270,4 milliards d’euros. Une évolution bien inférieure (+3,4 % en 2025) à la hausse traditionnelle, engendrée naturellement par le vieillissement de la population.

Le sous-Ondam hospitalier augmentera de 2,4 %, mais 700 millions d’euros d’économies seront réalisées. Le sous-Ondam de ville, lui, grimpera plus modestement, de 0,9 %.

Un effort budgétaire de 7,1 milliards d’euros sur la branche maladie

Le dette de la branche maladie est fixée à 12,5 milliards d’euros, soit une amélioration de 4,7 milliards d’euros par rapport à l’année précédente. Pour atteindre ce but, le Gouvernement prévoit 7,1 milliards d’euros d’économies, réparties entre les professionnels de santé et les assurés.

Parmi les mesures envisagées :

  • Réduction du plafond de prise en charge des indemnités journalières pour les ALD (affections de longue durée) non exonérantes comme les troubles musculosquelettiques ou la dépression légère. 600 millions d’euros d’économies générées.

  • Lutte contre les rentes excessives perçues par certains praticiens (notamment en radiothérapie et en imagerie).

  • Baisse du remboursement des cures thermales.

Encadrement renforcé des arrêts de travail, limitant la première prescription à 15 jours en ville et à 30 jours à l’hôpital, avec des conditions de renouvellement plus strictes et une obligation de mentionner les motifs sur l’arrêt. La reprise après congé maternité ne nécessitera plus systématiquement un passage par la médecine du travail.

Franchises médicales et participations forfaitaires : nouveau doublement des montants

Les pouvoirs publics souhaitent élargir les franchises médicales et participations forfaitaires aux consultations dentaires et à certains dispositifs médicaux (pansements, orthèses…). Un plafond spécifique sera même instauré pour les transports de patients.

En outre, un doublement des montants des participations et franchises est également annoncé.

  • Les plafonds annuels passeront de 50 à 100 euros ;
  • La franchise sur les boîtes de médicaments et les actes paramédicaux atteindra 2 euros ;
  • La franchise sur les transports sanitaires montera à 8 euros ;
  • La participation forfaitaire pour les actes médicaux sera portée à 4 euros ;

Selon le Haut Conseil des finances publiques, ces ajustements pourraient rapporter plus de 2 milliards d’euros.

Les 18 millions d’assurés les plus fragiles (jeunes, femmes enceintes, jeunes, détenteurs de la contribution solidaire) resteront, comme aujourd’hui, exemptés de ces frais.

Retraites : un gel des pensions et de nouvelles mesures d’équilibre

Le déficit cumulé de la branche vieillesse et du Fonds de solidarité vieillesse devrait atteindre 5,8 milliards d’euros en 2025. Pour 2026, les dépenses de la branche vieillesse sont fixées à 307,4 milliards d’euros, soit une hausse de 1,3 % par rapport à l’an prochain.

Le PLFSS prévoit un gel des retraites de base en 2026, maintenant leur niveau à celui de 2025. Entre 2027 et 2030, la revalorisation des pensions sera limitée : elle progressera de 0,4 point de moins que l’inflation. Cette mesure permettrait de réaliser 3,8 milliards d’euros d’économies en 2027, puis 6,1 milliards d’euros en 2029.

À ce jour, les retraites représentent près de 14 % du PIB.

Un cumul emploi-retraite assoupli à partir de 2027

Dans la continuité du « conclave » social du premier semestre 2025, le Gouvernement veut rendre le cumul emploi-retraite plus flexible à compter du 1er janvier 2027, pour les nouveaux retraités :

  • Avant 64 ans, la pension sera intégralement réduite à hauteur des revenus d’activité, dès le premier euro, afin d’encourager la retraite progressive ;

  • Entre 64 et 67 ans, un cumul partiel sera autorisé : la pension sera diminuée de 50 % des revenus d’activité dépassant environ 7 000 euros par an ;

Au-delà de 67 ans, le cumul sera totalement libre, avec la possibilité d’ouvrir des droits à une seconde pension.

Des avancées pour les mères de famille

Le texte comporte également des mesures en faveur des retraites féminines. Le calcul du salaire annuel moyen prendra mieux en compte le nombre d’enfants :

  • Pour les mères de 1 enfant, la pension sera calculée sur les 24 meilleures années de carrière ;

  • Pour celles ayant 2 enfants ou plus, sur les 23 meilleures années ;

Cette réforme, qui s’appliquera aux départs en retraite à partir de 2026, devrait bénéficier à la moitié des femmes concernées.
Enfin, les départs anticipés des femmes pour carrière longue seront facilités. Les mères pourront obtenir jusqu’à deux trimestres supplémentaires pour la naissance de leurs enfants. Prévue pour septembre 2026, cette mesure devrait s’adresser à plus de 13 000 femmes nées à partir de 1970.

Le point sur la suspension de la réforme des retraites de 2023

Conformément à l’engagement pris par le Premier ministre Sébastien Lecornu lors des questions au Gouvernement du 21 octobre 2025 à l’Assemblée nationale, une lettre rectificative au PLFSS a été présentée lors d’un Conseil des ministres exceptionnel, le 23 octobre. Ce texte acte la suspension de la réforme des retraites de 2023.

Le dispositif gèle, jusqu’en janvier 2028, le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite. Il concerne directement la génération née en 1964, la prochaine à pouvoir faire valoir ses droits. La durée d’assurance exigée de 170 trimestres reste par contre inchangée.

Cette suspension de la réforme sera compensée par 2 ajustements financiers : une hausse de la taxe sur les mutuelles santé et un renforcement de la sous-indexation des pensions prévu pour 2027 dans le PLFSS.

Mutuelles santé et avantages sociaux dans le viseur

Pour dégager de nouvelles recettes, le Gouvernement veut transférer une partie des charges vers les complémentaires santé et les employeurs.

L’Exécutif souhaite rééquilibrer la répartition des dépenses entre la Sécurité sociale et les mutuelles, dont les cotisations ont régulièrement grimpé ces dernières années. Ces dernières seront donc mises davantage à contribution en 2026 à travers un prélèvement exceptionnel de 2,05 % sur l’ensemble des cotisations perçues, soit environ 1 milliard d’euros.

Parallèlement, le projet de loi entend s’attaquer à certaines niches sociales. La contribution patronale sur plusieurs avantages en nature (titres-restaurants, chèques-vacances, chèques-cadeaux ou prestations versées par les comités sociaux et économiques) sera relevée de 8 %.

Les employeurs seront également encore plus sollicités lors des ruptures conventionnelles ou des mises à la retraite, avec une hausse de 10 points de la contribution spécifique applicable à ces indemnités.

Renforcement de l’accès aux soins et de la présence médicale sur le territoire

Les pouvoirs publics affichent leur volonté de garantir un meilleur accès aux soins partout en France. Pour y parvenir, ils prévoient d’encadrer davantage les dépassements d’honoraires, en accentuant le conventionnement des professionnels de santé. Ces dépassements, en forte hausse ces dernières années, ont restreint l’accès à certains soins, notamment pour les ménages les plus modestes.

Face à la progression des déserts médicaux, un nouveau statut de praticien territorial de médecine ambulatoire (PTMA) verra le jour. Ce dispositif doit encourager les jeunes médecins à s’installer dans les zones où l’offre de soins est insuffisante. Le Gouvernement souhaite également soutenir le maintien d’un réseau de pharmacies de proximité, afin de faciliter l’accès aux médicaments dans les petites communes.

L’élargissement de l’usage des médicaments génériques et biosimilaires et une meilleure reconnaissance des maladies professionnelles figurent aussi parmi les priorités.

Sur le volet vaccinal, le texte accompagne la mise en œuvre de la stratégie nationale « Vaccination et immunisation 2025-2030 ». Celle-ci prévoit la mise à jour des obligations vaccinales des soignants et des professionnels de la petite enfance, ainsi qu’une simplification du fonctionnement des centres de vaccination.

Les pouvoirs publics entendent par ailleurs donner un nouvel élan à la stratégie « Santé mentale et psychiatrie 2025-2030 », dans un contexte où la santé mentale a été désignée Grande Cause nationale 2025. Cette politique bénéficiera d’un financement de 65 millions d’euros en 2026.

Enfin, le PLFSS met l’accent sur l’accompagnement de la perte d’autonomie, à domicile comme en établissement. Une enveloppe de 250 millions d’euros sera mobilisée pour le recrutement de 4 500 professionnels supplémentaires dans les EHPAD. Une première étape au sein de l’objectif global de création de 50 000 postes d’ici 2030.

Prestations sociales : une légère hausse des dépenses et un nouveau congé de naissance en 2026

Les dépenses de la branche famille de la Sécurité sociale continueront d’augmenter en 2026, pour atteindre 59,4 milliards d’euros, soit une hausse symbolique de 0,1 % par rapport à 2025.

En revanche, les principales prestations, telles que les allocations familiales, ne seront pas revalorisées avec l’inflation l’an prochain. Le Gouvernement justifie ce gel par un contexte de faible hausse des prix, estimant que la mesure aura un impact limité sur le pouvoir d’achat des ménages.

Autre évolution notable : la création d’un nouveau congé de naissance, indemnisé par la Sécurité sociale. Ce dispositif viendra compléter les congés maternité et paternité actuels, offrant à chaque parent la possibilité de prendre 1 à 2 mois supplémentaires, simultanément ou à tour de rôle. Le montant de l’indemnisation sera précisé ultérieurement par décret.

Calendrier de mise en œuvre du PLFSS 2026

  • 23 octobre 2025: Présentation en Conseil des ministres d’une lettre rectificative au PLFSS 2026 suspendant la réforme des retraites de 2023

  • Du 21 au 29 octobre 2025 : Examen du PLFSS 2026 en commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale

  • 4 novembre 2025 : Début des débats entre les députés sur le projet de loi

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